Au travail ! [Haku]

Une journée comme une autre au restaurant, où Ikerian, changeforme solitaire un brin pervers et étrangement expert en cuisine, passait tout son temps à faire des plats, mais là était justement tout le plaisir de le bonheur de son travail : Il ne faisait jamais la même chose ! Chaque client passait une commande différente, avec des plats, des garnitures différentes, et ainsi il pouvait mettre toute son âme et son énergie à faire vivre les ingrédients et les épices dans une danse de saveurs et de parfums en préparant rapidement chaud ou froid, délicatement cuit ou bien grillé, avant de poser l'assiette prête à être dégustée et laissait la suite aux deux charmantes serveuses-renardes.

Tiens en parlant d'elles d'ailleurs, il semblait qu'Ha...ru ? Euh, la cadette quoi, bon sang... Il avait toujours autant de mal à les différencier et à retenir leur nom ! Mais normalement la petite qu'ils étaient allé sauver il y a quelques temps, et qui se baladait toujours avec une peluche, c'était Haru. Et elle semblait absente aujourd'hui... Était-elle malade ? Ou elle avait un rendez-vous ? Ou autre chose ? Bah, suffira de demander à Haku à la pause, d'ailleurs elle arrive bientôt.

Lorsqu'ils purent enfin s'arrêter de travailler un petit moment, le cuisinier, son bandeau éternellement sur les yeux, s'approcha de son comptoir et interpella sa collègue féminine :

"Haku ! Elle est pas là ta sœur ? Elle va bien ?"

Haku avait commencer sa journée un peu plus tard qu'Ikerian. La renarde nettoya rapidement et proprement les tables avant l'arriver des premiers clients. Haru n'était pas là aujourd'hui, la sœur cadette avait attraper froid la nuit dernière. Haku soupira alors que le premier client montra le bout du nez. Le service débuta rapidement.

Les allers et venus entre la cuisine et la salle ressemblait à une longue danse dont la kitsune connaissait les pas par cœur. Les commandes défilèrent et les plats sortirent rapidement. Haku n'avait qu'une hâte, que la pause arrive. Cette dernière ne tarda pas d'arriver. Elle prépara deux boissons et alla s'assoir à la table où était Ikerian.

- Elle a attraper froid, je préfère qu'elle reste à la maison.

Lorsque la pause arriva, Haku alla rapidement chercher deux boissons et vint s'assoir à sa table. Elle lui répondit ensuite qu'elle avait attrapé froid et qu'elle préférait qu'elle reste se reposer. C'est vrai que quand on est malade il vaut mieux éviter de s'épuiser, surtout que si elle s'effondre en plein milieu de la salle ça pourrait être mauvais pour elle... C'est une bonne décision. Tiens, puisqu'elle est là, elle qui a vu son coté sérieux par deux fois ainsi que sa forme féline, et qui a même eut l'occasion de monter sur son dos à plusieurs reprises, autant discuter un peu avec elle.

Mais que pouvait-il bien lui dire... Parler de la pluie et du beau temps, pas terrible, de la famille et des amis, ici la famille est plutôt limité et les amis aussi en général pour certains, de la santé et tout ça...bof, c'est nase... Il la remercia d'un geste de tête lorsqu'elle lui donna la boisson et commença à boire une petite gorgée en réfléchissant. Il aurait bien aimé repasser un moment tranquille avec elle, elle était calme au moins, puis il n'avait pas vraiment grand chose à lui cacher à elle...

"Ça te dirait qu'on se refasse une petite balade tranquille tous les deux un de ces quatre ? Ou avec ta sœur si tu veux pas la laisser toute seule ?"

Il ne savait pas de quoi lui parler, il n'y a pas vraiment de musiques ou de séries spéciales ici, donc dur de trouver un truc pour causer... Ah, faudra qu'il lui demande si elle se souvient de son monde, et si oui, comment il était. Mais bon, il verrait ça un autre jour...

Haku buvait doucement son verre, épuiser par ses aller et retours entre la cuisine et la salle. Les quelques clients qui était venu se restaurer étaient d'une humeur exécrables et bien pervers aujourd'hui. Fuyant dans sa poche, elle écouta Ike attentivement.

- Je suis sur qu'elle me tuerais si je lui disait que j'ai fait une balade à dos de tigre sans elle. Elle adore beaucoup les félins...

Elle sortit de sa poche des dizaines de propositions plus ou moin pervers et alla les mettre à la poubelle. Revenant près du cuisinier, elle se mit soudainement à devenir nostalgique. Elle finit d'un coup sa boisson et regarda son verre.

- Ca va faire bientôt un ans qu'Haru et moi sommes bloquer ici... Je me demandes comment vont mes parents... Si on leurs manque....

Un léger sourire étira les lèvres d'Ikerian lorsque la jeune fille lui parla de la réaction de sa sœur si elle apprenait leur dernière balade. Elle se leva ensuite pour aller jeter pas mal de papier à la poubelle... Sans doute des invitations diverses et pas vraiment honnêtes, si les clients étaient tous satisfaits du service et de la cuisine, certains en revanche aimeraient un peu plus de la part des serveuses... Le cuistot lui, aurait bien passé à tabac les plus tordus d'entre eux mais malheureusement les clients partent avant lui, sinon il leur aurait expliqué comment on se tient avec une jolie fille...une fille tout court même.

Le changeforme reprit en revanche tout son sérieux lorsqu'elle annonça la durée de sa présence ici et qu'elle évoqua ses parents. Apparemment elle se rappelait de son ancienne vie...contrairement à lui...peut-être était-ce le moment d'essayer d'en parler ? Ce n'est pas forcément une bonne idée mais il est curieux, et on dit que se confier à quelqu'un de confiance aide à supporter son fardeau.

"Ce n'est peut-être pas le bon moment mais... Tu voudrais bien me parler de ta vie "d'avant" ? Je n'ai aucun souvenir de la mienne, je voudrais savoir à quoi ressemblait ton monde... Si tu le veux bien, bien entendu."

Haku était perdu dans ses pensées. Un an... Un an qu'elle et sa soeur vivaient dans ce village, abandonnant leurs parents. Elle releva la tête à la demande d'Ikerian et souria doucement.

- Dans mon monde, il y avait plein de machine en fer qui vont plus vite que n'importe quel animal, la technologie est très avancer. La médecine, la justice, les arts, les sciences... Tout ces apects ont atteint un point de fascination. Les scientifiques tentent de trouver réponses à tout, la cuisine est classer comme un arts de la table et très côté. Les mieux côté possèdent des étoiles...

En parlant, on pouvait entendre différent émotions dans la voix de la kitsune: fierté, admiration et regret.

- Ma mère était avocate. Son travaille consister à défendre des personnes devant la justice si ils étaient innocent. Mon père était inspecteur, il résolvait les crimes. D'un côté, j'étais fière d'être leur fille. Savoir qu'ils se battaient pour faire régner l'ordre et la justice....

Ikerian écouta silencieusement mais avec toute l'attention possible la jeune renarde parler de son monde. Les machines de fer, la science, la cuisine notée, tout cela attisa l'intérêt de l'ancien voleur qui tentait de s'imaginer comment était l'univers de sa camarade. Elle commença ensuite à parler de ses parents, point capital qui focalisa toute la concentration que l'ex-brigand pouvait déployer. Ses géniteurs avaient l'air d'être de bonnes personnes, des redresseurs de tords...un qui défend les gens devant la justice, et l'autre qui arrête les bandits, ça c'est de la famille !

Une fois qu'elle eut fini, Ike reprit une gorgée en réfléchissant. Cependant il jugea plus honnête de parler de ce qu'il savait lui-même sur son monde, en revanche il se garda bien de parler du peu, vraiment très peu, qu'il savait sur lui.

"Ton monde te manque j'imagine... Moi...j'en sais si peu sur le mien...Je n'en aperçois que quelques bribes parfois, à travers quelques rêves fugaces qui s'effacent parfois de ma mémoire... Je me rappelle... De fêtards, beaucoup de combattants, beaucoup de civils, mais un monde en paix... Je...je n'en sais pas plus..."

Il s'était bien tenu de dire que des soldats trinquaient avec une bande de voleur dans laquelle il avait apparemment une haute place mais sans aucune prétention, il n'y avait que de la camaraderie et de la bonne entente lors des réunions... Mais il se souvenait également des morts qu'il allait souvent honorer, d'immenses cimetières composés de centaines, parfois de milliers de tombes... Un monde en paix signifiait que la guerre était finie, mais une guerre entraîne des victimes, et les leurs étaient si nombreuses...

Son visage s'était assombrit, son œil gauche, émeraude au regard perçant s'était doucement révélée alors qu'un voile de tristesse et de peine s'était abattu sur les traits du changeforme, plongé dans ses pensées... Puis il revint à la réalité et regarda la renarde en face de lui. Reprenant peu à peu son expression habituelle et rabattit son vieux bandeau porteur de tant d'années sur son œil dévoilé.

"Enfin...Si jamais ça te tente, on peut aller se faire une petite balade après le service, avec ou sans gros chat...à moins que tu ne veuilles retourner auprès de ta sœur ?"

Haku était heureuse d'avoir pu parler de ce monde à quelqu'un. Elle se sentait comme libérer d'un poids. Elle alla chercher deux nouveau verre et remercia Ikerian de l'avoir écouter. Elle l'écouta silencieusement le cuisinier parler de ses quelques souvenirs de son monde. Elle sentit la tristesse d'Ikerian et alla le prendre dans ses bras pour le consoler.

- Mais au moins, tu n'as pas tout oublier de ton monde...

Elle alla se rassoir et finit son verre, fixant l’œil dévoilé d'Ikerian.

- Une balade avec toi ne sera pas de refus, j'aime de plus en plus ta compagnie.

Elle lui souria, essayant de lui redonner le moral.

On devait lire sur son visage la peine qu'il ressentait depuis son arrivée ici, car sa collègue aux oreilles de renard se leva pour venir l'enserrer. En temps normal, Ikerian aurait été ravi et se serait beaucoup amusé en lui rendant son étreinte et en faisait une ou deux blagues tordues dont il avait le secret, mais pour le moment le cœur n'y était pas... Il était loin, en train de chercher son monde, son passé, sa vie... La jeune fille retourna ensuite s'assoir à sa place et lui sourit en répondant qu'elle aimerait bien une promenade avec lui, qu'elle appréciait désormais sa compagnie.

Cela le fit légèrement sourire, il y a quelques temps encore elle tenait absolument à ce qu'il ne les approche pas de peur que ce soit ce dont il avait l'air, soit un tordu, mais depuis l'incident avec Haru elle commençait à le tolérer, puis l'accepter même il semblait. Et désormais elle répondait même favorablement à une proposition de balade, c'est qu'il y a du progrès, et dans le bon sens. Haku cherchait visiblement à lui remonter son moral qui a la fâcheuse tendance à piquer du nez lorsqu'il pense à son propre monde, un beau geste pour sûr.

Le service allait bientôt reprendre... Quelle misère, pourquoi la pause est-elle si courte ? Ah...peut-être car ils n'ont pas de remplaçant et donc que si ils s'arrêtent, c'est le resto complet qui doit s'arrêter. Ikerian soupira, il adorait cuisiner, mais il aimait encore plus discuter avec Haku, ou Haru, ou n'importe quelle personne qu'il peut au moins considérer comme un(e) ami(e)... Mais bon, le travail c'est le travail.

"On se rejoint dehors quand ça ferme ?"

La kitsune regarda le cuistot et lui souria. Haku se leva et alla près du bar du restaurant lorsque son collègue lui proposa de se rejoindre à la fin du service, elle hoche la tête.

D'ailleurs, le service reprit de plus belle. Si avant il y avait peu de clients, là, notre serveuse ne savait plus où donner la tête. C'était dans ses moments là qu'elle regrettait être seule au service. Courant pour servir les plus presser, Haku commencait à avoir mal au jambes, elle n'avait qu'une hâte, d'être à la fin du service.

* Bordel ! J'en ai marre, vivement la fin de ce bordel !*

Les clients n'étaient pas beaucoup à laisser un pourboire à la serveuse et cela énerva un peu la kitsune et elle souhaita de pouvoir leurs donner un bon coup de pieds au derrière. La fin du service arriva rapidement au plus grand plaisir de Haku qui commenca à nettoyer les tables vides, alors que les derniers clients finissaient leurs chopes de digestifs.

Haku sembla accepter sa proposition. Ça lui faisait un peu bizarre de donner rencart à une fille, mais bon, pourquoi pas après tout ? En revanche le service allait reprendre, et vu l'heure que c'était, ils allaient sans doute avoir beaucoup plus de boulots que tout à l'heure... Et il n'avait pas idée à quel point c'était vrai :

Il y avait encore plus de monde qu'il ne l'aurait cru, et les commandes fusaient de tous les cotés, allant de trucs simple et classique comme un bête steak aux herbes à des trucs composés d'une entrée aux fruits de mer parfumés avec en plat de résistance une entrecôte bien cuite avec une sauce aux abats et des légumes diverses ainsi que quelques fruits servis en décorations presque et des crêpes en dessert ou d'autre trucs du genre alors que d'autre demandaient du poisson au crabe frais ou bien encore du canard à l'omelette servi avec des tomates farcies... Mais c'était qui les tarés qui demandaient des trucs pareils !?

Bah ! Peu importe, il n'avait pas le temps de juger les goûts bizarres des clients, il devait se concentrer à fond sur la cuisine ! Ikerian s'agita tant derrière les fourneaux qu'il y eut même une giclée d'huile trop chaude à un moment, et il remercia infiniment le bandeau qu'il portait sur les yeux car sans lui il aurait eu un sérieux pépin. Mais grâce à ce bon vieux bout de tissu, qu'il portait grâce à un ami d'après ce qu'il avait compris, ses chers pupilles cachées furent sauvée du fluide bouillant et il put continuer à faire les plats que la pauvre Haku semblait souffrir réellement à apporter. C'est vrai qu'elle est toute seule aujourd'hui...

Lorsque la fin du service sonna, Ikerian poussa pour une rare fois un grand soupire de soulagement. Pour la première fois depuis bien longtemps sans doute, il avait mal aux bras et était épuisé simplement à cause du travail ! Il se dépêcha de mettre à refroidir ou laver tout ses ustensiles qui avaient eux aussi bien travaillé, puis sortit de derrière ses fourneaux pour aller rejoindre la charmante Kitsune qui devait certainement l'attendre vu que ranger tous ses outils lui prenait un peu de temps... Elle aussi devait être bien épuisée...

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